Nous le savons tous par
expérience, le pardon est loin d’être un acte facile. Et demander pardon est
parfois encore plus difficile, car nous devons nous reconnaître coupables, et
nous humilier. Et pourtant, le pardon est un chemin de vie, il est fondamental,
vital. Seul le pardon permet de guérir en profondeur une relation blessée.
Quand nous subissons une offense grave, une agression, une attaque, notre premier mouvement instinctif est bien souvent d’abord celui de nous défendre. Et cette réaction est bien compréhensible. Mais cette réaction de légitime défense peut nous entraîner, si on laisse parler nos instincts, vers un désir de rendre nous-même justice, d’obtenir réparation. Un pas de plus et nous entrons dans la tentation de nous venger, de faire payer. C’est la Loi du Talion. Œil pour œil, dent pour dent. C’était cette forme de justice qui régulait bien souvent les rapports humains.
Mais l’application de la Loi du Talion non seulement ne résout rien, ne répare pas le mal subi mais elle n’est jamais juste. La vengeance n’est jamais juste. La vengeance nous entraîne dans une spirale, une surenchère. Souvenez vous dans la Genèse, le chant de vengeance de Lamek, le descendant de Caïn, qui disait : « j’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure » et il ajoutait « Caïn a été vengé 7 fois ; mais Lamek 77 fois ».
Face à cette surenchère de la vengeance, la bible nous propose, une surenchère du pardon : « il faut pardonner à ton frère jusqu’à 70 fois 7 fois. » C’est-à-dire il faut pardonner sans fin. La mesure du pardon est justement d’être sans mesure, infinie. Pardonner est d’abord un acte de liberté, et non pas un acte de faiblesse, de naïveté ? Celui qui pardonne est quelqu’un qui ne se laisse pas dominer par le mal que son adversaire lui fait. Le fait de pardonner permet de briser ce cercle infernal de la violence, de la surenchère.
Le pardon est aussi un acte créateur. Il permet de recréer la relation qui a été détruite. Il est un appel pour que le mal n’ait pas le dernier mot. Mais le pardon reste avant tout un acte d’Amour. Par-donner, c’est donner au-delà, aimer au-delà ? Par-dessus tout ? Malgré tout le mal qu’on nous a fait.
Comment peut-on y arriver ? En découvrant
constamment à quel point Dieu nous aime d’un amour de Père, qu’il nous aime
malgré tous nos péchés ? On découvre l’immensité de cette miséricorde
notamment dans le sacrement du pardon ! Tant que nous agissons comme des
orphelins, livrés à nous-mêmes, nous nous laissons conduire le plus souvent par
cette violence animale qui est tapie au fond de chacun de nous ? Mais
quand nous retrouvons notre juste place d’enfant de Dieu, quand nous nous
mettons sous le regard d’Amour miséricordieux de notre Père du Ciel, alors tout
devient possible, même de pardonner à celui qui devant Dieu reste malgré tout
notre frère. C’est parce que j’expérimente à quel point Dieu m’aime, malgré ce
que je suis, que je peux trouver la force de pardonner à mon tour les offenses
qu’on me fait.
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